Colorations végétales vs colorations chimiques

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soucieux de vos cheveux, n’attendez plus avant de vous convertir au bio pour vos colorations ! A toutes celles et ceux dont la chevelure a subi les ravages des actifs chimiques qui composent les teintures traditionnelles, sachez qu’il existe une solution naturelle à vos problèmes capillaires.

Les risques de la coloration chimique

En Europe, plus de 60% des femmes et 5 à 10% des hommes se teignent les cheveux (UE). Depuis les années 1950, l’utilisation de la coloration chimique s’est en effet répandue, tout particulièrement dans les pays développés. Culte de la jeunesse ou simple souci esthétique, la coloration fait l’objet de multiples usages.

Depuis 2001 pourtant, les mises en garde du Comité scientifique des produits de consommation de l’UE (CSPC) contre les risques potentiels pour la santé de ces teintures capillaires ont fait naître une controverse ainsi qu’une méfiance généralisée autour de l’innocuité de ces produits chimiques.

Un mode d’action dangereux pour les cheveux

Le principe même de la coloration synthétique suppose un traitement agressif pour les cheveux. C’est une coloration « par oxydation » dont l’effet sur le cheveu est permanent. La réaction chimique entre la couleur et l’oxydant s’effectue à l’intérieur même de la fibre capillaire qui se relâche, ce qui a pour effet de modifier l’équilibre naturel du cheveu. Les pigments synthétiques modifient et remplacent ainsi les pigments naturels du cheveu.

« En fait, on provoque une véritable réaction chimique sur la tête, avec des molécules qui réagissent très fortement » explique Vincent Bourgeteau, ingénieur en cosmétologie.  « Les colorants utilisés pour la teinture du cheveu sont des produits très agressifs » confirme Maurice Rabache, toxicologue.

Le mélange utilisé dans la coloration chimique est en effet très alcalin. Il fait gonfler la fibre capillaire et s’écarter les écailles du cheveu, ce qui le fragilise. A la suite d’une coloration chimique, le cuir chevelu est donc fortement sensibilisé.

Des perturbateurs endocriniens dans certains colorants

Parmi les ingrédients qui composent les colorations chimiques, de nombreux sont nocifs, non seulement pour le cheveu mais également pour la santé générale de l’utilisateur.

Ammoniac, parabène, métaux lourds (éléments traces métalliques) comme le plomb et le mercure, amines aromatiques (pPD et pTD)… Des composants qui sont  loin d’être inoffensifs.

La plupart de ces produits sont en fait des perturbateurs endocriniens[1]. Les perturbateurs endocriniens ont la capacité d’interférer avec le fonctionnement normal des hormones des êtres vivants. Cette interférence a des conséquences variées sur la santé et le développement du sujet exposé (mauvais fonctionnement de la thyroïde, baisse de la fertilité, malformations à la naissance, anomalies du métabolisme ou du comportement, entre autres). Ces conséquences peuvent apparaître longtemps après l’exposition du sujet ou chez sa descendance.

La liste suivante donne un aperçu des dangers encourus par l’utilisation de ces produits :

  • Résorcinol. Le résorcinol est un perturbateur endocrinien qui agit sur la thyroïde. C’est un produit neurotoxique. Utilisé dans les trois quarts des colorations chimiques, il est allergène. Il peut pénétrer dans la peau, endommager les reins et le foie. Les tests cliniques ont démontré qu’il modifie les globules sanguins et les chromosomes. Selon une étude de l’OMS, le résorcinol serait  « irritant et sensibilisant pour la peau, les yeux et les voies respiratoires ».
  • Ammonium Lauryl Sulfate : tensioactif.
  • P-phénylènediamine (PPD) : très allergisant, suspecté de cancérogénicité.
  • P-aminophénol : mutagène de classe 3 (possibilité d’effets irréversibles sur l’ADN).
  • O-aminophénol : mutagène de classe 3 (possibilité d’effets irréversibles).
  • M-phénylène diamine : mutagène de classe 3 (possibilité d’effets irréversibles). Elle endommage l’embryon chez le rat et a un effet mutagène sur les bactéries.
  • Butoxyéthanol (un éther de glycol) : effet génotoxique avéré, activité cancérigène.
  • PEG (polyéthylène glycol) : ces composés chimiques de synthèse se retrouvent dans de nombreux cosmétiques en tant qu’agent tensioactif, détergents, émulsifiants, revitalisants ou humectants pour la peau. Outre le fait qu’ils sont extrêmement polluants à produire et contaminent durablement l’environnement, ils contiennent de nombreuses impuretés toxiques (oxyde d’éthylène, 1,4-dioxane, composés aromatiques polycycliques, métaux lourds…).

Le Comité Scientifique pour la Sécurité des Consommateurs (CSSC) rapporte également que le toluène 2,5 diamine sulfate et le 1-naphtol, contenus dans certaines colorations chimiques, sont des molécules « extrêmement sensibilisantes » et « fortement irritantes » pour la peau, les yeux et les poumons.

En 2010, l’Union Européenne a interdit l’usage de nombreux colorants jugés dangereux pour la santé. Depuis 2012, les mises en garde obligatoires sur les emballages de ce type de colorations ont été renforcées, invitant à une utilisation limitée, particulièrement pour les moins de 16 ans.

Teintures pour cheveux : un risque de cancer

En décembre 2002, le Comité scientifique des produits de consommation de l’UE déclarait que l’utilisation régulière et à long terme de teintures capillaires par les femmes peut être liée à l’apparition du cancer de la vessie et du sein.

Certaines études américaines et suédoises appuient ce constat, en identifiant certaines molécules contenues dans les colorations chimiques et mises en cause dans l’apparition de cancers et autres problèmes de peau.

Le PPD, par exemple – nommé « Allergen of the Year » en 2006 par l’American Contact Dermatitis Society – est connu pour ses effets cancérigènes. « Ses propriétés sont similaires à celles de l’ammoniaque et seraient responsable du cancer de la vessie, beaucoup plus important chez les coiffeurs« , explique Anne-Marie Gabelica, biochimiste.

Les produits chimiques suspectés de provoquer ce cancerfont tous partie des composants des colorations par oxydation : les amines aromatiques comme la PPD ou la PTD, les nitrosamines, les hydrocarbures aromatiques.

D’après l’estimation du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), de l’agence chargée du cancer de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), ainsi que de l’Observatoire National des Asthmes Professionnels (ONAP), les métiers de la coiffure seraient confrontés à un risque accru de cancer en raison des colorants et des produits chimiques qu’ils utilisent (persulfates alcalins notamment).

Toutefois, le lien direct entre cancer et l’usage fréquent des colorations chimiques nʼest pas encore prouvé, mais fortement soupçonné.

En juillet 2006, la Commission européenne interdisait l’utilisation de 22 substances de coloration.

Le site du Ministère de l’Economie et des Finances précise que le PPD est déjà interdit dans les produits cosmétiques autres que les teintures capillaires (où sa concentration est limitée à 6%). Mais il y a encore des efforts à faire ! De nombreux produits sont encore en attente d’un examen scientifique.  La résorcine ou l’éthanolamine, par exemple, font partie des substances encore autorisées et pourtant accusées d’être irritantes et allergisantes.

Les atouts de la coloration végétale

De plus en plus décriée, la coloration chimique est progressivement délaissée au profit de compositions plus “naturelles”. Les colorations végétales sont composées d’ingrédients végétaux et minéraux, connus depuis plusieurs milliers d’années. Par conséquent, elles ne comportent – à l’inverse des colorations chimiques- aucun risque pour la santé.

Des colorants 100% naturels pour les cheveux

Il y a 5 000 ans, les femmes (et parfois les hommes) utilisaient déjà les plantes tinctoriales pour colorer leurs cheveux. Ces plantes, racines et écorces sélectionnées pour leur innocuité et leurs vertus ne contiennent ni oxydants ni ammoniaque, et ne sont donc pas allergisantes.

Ces plantes sont d’abord broyées pour obtenir une poudre fine, puis mélangées à de l’eau chaude pour former une pâte.

Précisons que « Le semi-végétal n’existe pas. Dès lors que la chimie intervient, on n’est plus dans le naturel. La seule coloration naturelle possible est végétale, à savoir des poudres de plantes uniquement. », explique Charley Assoun, coiffeur et fondateur de Biocoiff’.

Parmi les plantes qui constituent la coloration végétale, on retrouve fréquemment :

Le Henné (Lawsonia Inermis)

Composant incontournable de la coloration végétale, il est cultivé dans des zones chaudes et arides dʼAfrique et dʼAsie, sous des latitudes comprises entre 15 et 25° (N et S) de l’Afrique au Pacifique.

Plus la plante doit lutter contre des conditions climatiques extrêmes, plus elle développe un colorant appelé lawsone.

Le henné donne une couleur de cheveux entre orange cuivré sur cheveux blancs ou blonds jusquʼà acajou sur des cheveux châtains.

Le taux élevé des tannins contenus dans les feuilles de henné explique lʼexcellente fixation des pigments de henné sur les cheveux. Cette fixation est plus importante que celle de toutes les autres plantes tinctoriales, donc plus durable.

LʼIndigo (Indigofera Tinctoria)

L’indigo est un puissant colorant végétal de couleur bleue. C’est avec le henné la seconde plante tinctoriale à être utilisée par lʼhomme depuis plus de 4 000 ans.

Cet arbuste pousse sur tous les continents ayant un climat subtropical ou tempéré et suffisamment humide (cʼest-à-dire un minimum de 700 mm de pluie annuelle, comme en Provence par exemple).

Lʼindigo nʼest presque jamais utilisé seul dans une coloration capillaire, mais uniquement en association. Il fonce le résultat obtenu par la coloration et peut donner des reflets bleus ou verts sur des cheveux blonds ou blancs, sauf si ces reflets sont équilibrés par dʼautres plantes comme le henné ou le roucou.

Le Bois de Campêche (Haematoxylum Campechianum)

Le campêche pousse à Madagascar à l’état naturel, mais aussi aux Antilles et au Mexique. Il doit son nom au port mexicain de Campêche d’où l’on embarquait, au XVIIe siècle, les bois de teinture pour l’exportation.

Son bois très dur et très dense contient jusquʼà 10 % dʼune sève de couleur rouge foncé, lʼhématine.

Lʼhématine, après oxydation et sous lʼinfluence de composants alcalins du bois, se transforme en un colorant, lʼhématéine.

Son pouvoir colorant a été découvert par les Aztèques qui lʼutilisaient pour une grande partie de leurs tissus et tapis.

Elle permet dʼobtenir une couleur entre gris et noir et sert essentiellement à foncer un mélange de coloration végétale.

Le Cassia (“henné neutre” – Cassia Obovata)

On utilise le cassia depuis les 10e et 11e siècles, pour ses propriétés anti-fongiques et anti-inflammatoires. Le cassia pousse, comme le henné, dans les régions subtropicales semi-arides, en Afrique subéquatoriale et dans la péninsule arabe jusquʼen Inde.

Bien qu’on l’appelle souvent “henné neutre”, le cassia pousse avec ses tiges couchées près du sol, à la différence du henné, qui est un arbuste et dont les tiges sʼélèvent vers le soleil.

Le cassia a la propriété de gainer le cheveu et lui apporter brillance et souplesse, mais il ne colore presque pas.

Les Graines de Roucou (Bixa Orellana)

Petit arbre originaire de lʼAmérique tropicale. Ses fleurs sont roses et il donne des fruits rouges à épines remplis de graines, rouges elles aussi. Le roucou n’est pas comestible. Il est récolté puis séché pour en extraire la cire qui entoure les graines, très riche en caroténoïdes.

Le colorant obtenu est très riche en vitamine E (3,2 %). Il est 100 fois plus riche en bêta-carotène que les carottes, et contient beaucoup de sélénium, magnésium et calcium.

Cʼest pour cette raison que la Food and Drug Administration américaine a levé lʼobligation de certificat dʼinnocuité pour son utilisation comme colorant alimentaire. Dans lʼUnion Européenne il est également autorisé comme colorant alimentaire, sous le code E160b. On le trouve dans de nombreuses margarines et aussi dans des fromages comme la mimolette, lʼédam ou le cheddar. Son utilisation dans les rouges à lèvres fut importante, mais il a été remplacé par des colorants de synthèse.

Aujourd’hui seuls les laboratoires de cosmétique naturelle lʼemploient pour le maquillage, perpétuant ainsi la vieille tradition indienne…

Le colorant alizarine du roucou rend la coloration du henné plus lumineuse et plus vive, il la rapproche d’un vrai rouge.

La Garance des Teinturiers (Rubia Tinctorum L)

Il y a 3000 ans, la garance était le colorant favori des Egyptiens.

La garance a été cultivée pendant de longs siècles en Europe. Sa couleur rouge est à lʼorigine de la teinte des fameux “pantalons garance” de lʼarmée française de 1829 à 1915. Elle est aussi appelée “garance des Indes” car au 17e siècle les meilleurs colorants à base de garance venaient dʼInde et de Turquie.

Dans ces pays se pratiquait une extraction en plus de 10 étapes qui pouvait durer 3 mois et produisait les rouges les plus intenses, les plus lumineux et les plus stables.

On utilise en fait la racine de la garance, qui est une plante vivace par ses rhizomes. Cette racine est jaune et son colorant rouge, lʼalizarine, se forme après la récolte lorsque la racine est épluchée, broyée et séchée au four.

La garance ou plus précisément son colorant l’alizarine rend la coloration du henné plus lumineuse et plus vive.

La Camomille Vraie (Matricaria Recutita)

On cultive beaucoup la camomille pour la production d’huiles essentielles, notamment. C’est une plante très résistante, qu’on trouve un peu partout en Europe, dans les zones tempérées à chaudes. La camomille apaise le cuir chevelu. Elle renforce la brillance et la souplesse du cheveu.

La Protéine de Soja (Glycine max.)

Le soja est une plante grimpante appartenant à la famille des légumineuses. On la cultive dans le monde entier, là où il y a suffisamment d’eau et une température élevée, entre 20°C et 35°C en été. Les graines de soja sont très riches en protéines. La protéine de soja a le pouvoir de renforcer la fibre et la bulbe capillaire, mais ne colore pas.

Les colorants végétaux : un mode d’action respectueux du cheveu

Contrairement aux colorations chimiques, qui pénètrent le cheveu et en modifient la structure, les pigments végétaux enveloppent naturellement la fibre et la gainent.

« La coloration végétale agit comme un soin. C’est la molécule du henné -la lawsone- qui permet de fixer les autres pigments« , explique Cécile Lainé, coiffeuse spécialisée en coloration végétale. « Les pigments des colorations végétales ont une affinité naturelle à la kératine du cheveu et leur fixation est renforcée par la chaleur pour adhérer fortement à la fibre capillaire », explique Charley Assoun.

Une fois la pâte appliquée, les pigments libérés par les plantes se fixent sur la cuticule des cheveux, formant ainsi une couche protectrice perméable, qui laisse pénétrer les soins et renforce la chevelure.

En plus de ces bénéfices, la coloration végétale s’adapte parfaitement aux femmes enceintes ou allaitantescontrairement aux colorations chimiques, particulièrement dangereuses pour le foetus.

Bien choisir sa coloration végétale

Méfiez-vous : toutes les colorations végétales ne se valent pas, loin de là. Soyez-donc vigilants quant à la composition de votre teinture, ne laissez rien passer ! Anne-Marie Gabelica avertit: « Des marques soi-disant naturelles mettent du PPD dedans, ce qui peut provoquer des allergies. »

En 2009, l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM) publiait notamment une note mettant en garde contre les tatouages éphémères noirs à base de henné et de PPD. Une dérive que Charley Assoun dénonce avec vigueur: « Certaines marques se disent bio mais au dos des boîtes, il y a plein de produits toxiques. Les gens sont trompés. Je suis outré de voir ces couleurs dans des boutiques bio. »

En réalité, les emballages qui se targuent d’utiliser le végétal ne sont d’aucune garantie, pas même dans les magasins bio. De nombreuses colorations prétendument naturelles exposent ainsi leurs utilisateurs aux mêmes risques que les colorations chimiques.

Se méfier des colorations pseudo-naturelles

Les colorations dites végétales ou naturelles contiennent souvent de nombreuses substances de synthèse dissimulées :  produits allergisants, cancérigènes et mutagènes (Cocamide Dea, p-Phenylenediamine, p-phenylenediamine sulfate, m-amino-2-hydroxytoluene),  sans compter les substances pouvant être absorbées par la peau et pouvant endommager les reins et le foie (4-Chlororesorcinol), Cocamide MEA, mais aussi de l’Oleth-20, qui est une matière polluante, du tetrasodium EDTA, qui a tendance à se fixer sur les tissus et même de l’ethoxydiglycol, qui peut avoir une toxicité sur la reproduction.

Attention au greenwashing :  les promesses du packaging doivent être examinées avec précaution et passées au crible d’un jugement critique rigoureux.
De nombreux produits se revendiquent à tort comme “teinture aux plantes”, “couleur-soin aux plantes tinctoriales”, “sans résorcinol et sans ammoniaque”, “enrichi à l’aloe vera”, “avec des ingrédients issus de l’agriculture biologique”.

Prudence ! Ces formulations sont destinées à tromper les consommateurs et à dissimuler le fait qu’il s’agit en réalité de colorants chimiques (amines aromatiques) susceptibles de former des nitrosamines, de la PPD ou du résorcinol.
Dans la plupart des cas, lʼammoniaque, très odorant, est remplacé par lʼéthanolamine presque inodore. A noter que lʼéthanolamine est bien plus risquée sur le plan toxicologique, puisquʼelle peut former des nitrosamines cancérigènes, comme dans le jambon que nous mangeons.
En fin de compte, La plupart des colorations[2] soi-disant “enrichies” avec des ingrédients végétaux en sont, en réalité, très peu pourvues.

Eviter les hennés frelatés

Tous les hennés ne se valent pas. Certaines poudres peuvent être mélangées à d’autres composants douteux, pour plus d’efficacité.
C’est souvent le cas des hennés foncés (noir ou acajou), susceptibles de contenir de la para-phénylène diamine (pPD) ou même des sels de métaux.

Conséquence ? Les fameuses réactions allergiques dues aux colorations chimiques, ou pire, une destructuration totale du cheveu, si le henné frelaté aux sels métalliques est appliqué à la suite d’une permanente, notamment.

La dénomination “henné neutre” ou “henné noir” est botaniquement inexacte. Il sʼagit dʼune “simplification” commerciale. Il nʼexiste pas de henné issu de la plante Lawsonia inermis qui donne une coloration noire ou qui soit incolore.

Le henné pur ne donne jamais une couleur noire, mais cuivrée-orangée. Pour obtenir des nuances brunes, il faut le mélanger avec le bois de campêche et/ou lʼindigo. Une promesse de prise de couleur en 30 minutes dʼun noir corbeau, un tatouage “au henné” qui est noir et non marron-orangé au début (il deviendra marron au bout de 24h), sont des indications qui incitent à être plus que prudent et à ne pas utiliser ces produits.”, précise le blog Couleur-Chocolat.

Les limites de la coloration végétale

Les colorations végétales sont parfois certifiées bio si la culture des plantes utilisées remplit le cahier des charges de l’agriculture biologique. Les plantes utilisées pour les colorations biologiques excluent l’utilisation directe de pesticides et ne contiennent pas de métaux lourds. Toutefois, la possibilité d’une pollution indirecte à cause d’un environnement pollué ne peut être écartée.

Si l’on peut obtenir toutes les nuances naturelles, il est impossible d’éclaircir les cheveux avec une coloration bio. Cependant, une technique à base d’argile permet d’éclaircir quelques mèches grâce à un lait révélateur avec lequel on obtient des nuances lumineuses comme du doré, du cuivré, ou du miel.

« On peut réaliser toutes les nuances, sauf la décoloration« , admet Charley Assoun. « Si vous êtes brune et que vous souhaitez devenir blonde, il n’y a pas de miracle, seuls les produits chimiques peuvent éclaircir. En revanche, sur une base de cheveux blancs, le blond est tout à fait possible avec du végétal. Sur des brunes, les cheveux blancs peuvent être couverts à 100%, mais la coloration doit toutefois être effectuée en deux temps pour une couverture totale”.

Si les colorations chimiques sont relativement simples à faire chez soi, les naturelles demandent par ailleurs plus d’attention.

« Même si on décide de la faire soi-même, il faut l’avis d’un professionnel. C’est un métier, il faut faire attention aux temps de pose et aux nuances que l’on croit maîtriser« , avertit Cécile Lainé.

Autre inconvénient : la teinture végétale s’estompe progressivement avec les shampooings. Après une coloration en salon, il est conseillé de ne pas se laver les cheveux pendant trois jours car les pigments agissent encore et la couleur continue d’évoluer. Une coloration bio tient aussi longtemps qu’une coloration traditionnelle, il est conseillé de la refaire toutes les six semaines environ.

Privilégiez des produits bio dont les tensioactifs (agents lavants) sont plus doux, sans sulfates ni parabènes, respectueux des cheveux. « À quoi bon faire une coloration bio si c’est pour recommencer à abîmer ses cheveux avec des produits chimiques ensuite ! », s’exclame Charley Assoun, coiffeur.

Les colorations végétales s’avérant plus chères en salon que les colorations chimiques, on comprend que le choix soit réfléchi.

En magasin, seule la marque Logona propose des colorations certifiées. Si vous n’êtes pas sûr(e) de la composition, vous pouvez vérifier la liste des ingrédients sur laveritesurlescosmetiques.com, un site qui permet d’analyser les composants de nombreux produits, ou encore sur notre dossier dédié aux ingrédients chimiques dangereux pour la santé dans les cosmétiques.

La coloration végétale: une démarche éco-responsable

Protéger la biodiversité

Si les colorations chimiques sont nocives pour nos cheveux, elles sont carrément désastreuses pour notre environnement !

Produits oxydants, conservateurs, fixateurs… Toutes ces substances se déversent dans les eaux, et leurs effets se répercutent sur la faune et la flore, menaçant ainsi la préservation de la biodiversité.
D’après une étude américaine menée dans neuf bassins fluviaux des Etats-Unis, il semblerait que certains poissons soient particulièrement affectés par cette pollution des eaux, engendrant des perturbations sexuelles pouvant conduire à un changement de sexe dû aux molécules perturbatrices endocriniennes.

Par ailleurs, le Programme International sur la Sécurité des Substances Chimiques semble confirmer l’action toxique du PPD (paraphénylènediamine ou diaminobenzène).

La coloration végétale permet d’éviter tous ces désagréments tout en protégeant notre environnement et la biodiversité.

Des plantes économes en eau

La culture du henné ne nécessite aucun engrais ni pesticides, et surtout très peu d’eau.
C’est dans le nord-est de l’Inde, au Rajasthan, que l’on produit l’un des meilleurs hennés au monde. Plus de 20 000 hectares y sont cultivés avec du henné, avec un rendement de 70 kg de feuilles séchées par hectare. Les paysans de l’hémisphère sud qui cultivent le henné sont de plus en plus nombreux à s’orienter vers l’agriculture biologique.

Au final, teindre ses cheveux n’est pas un acte anodin. Le choix de votre coloration et la fréquence d’application sur vos cheveux est lourd de conséquences sur votre santé et sur l’environnement. Soyez donc vigilants et responsables, il y a là plus qu’un simple enjeu esthétique !

Notes

  1. D’après l’OMS, les perturbateurs endocriniens sont des substances chimiques d’origine naturelle ou artificielle étrangères à l’organisme et susceptibles d’interférer avec le fonctionnement normal du système endocrinien. Il peut ainsi induire des effets délétères sur l’organisme en question ou sur ses descendants.
  2. Cf ouvrage de Rita Stiens, La vérité sur les cosmétiques, éditions Leduc.S, p. 256 à 272, 2013.

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